PEURS ET VAPEUR
PEURS ET VAPEUR…
Depuis la première machine à vapeur utilisée entre St Étienne et Lyon en 1829, que de ballast foulé, de voies empruntées, de joies annoncées et de drames énoncés !
L’invention du train aura bientôt deux siècles et la création de la SNCF aura connu durant les années de conflits, de guerres, de résistance, singulièrement pour le sujet qui nous importe cette année, bien des obligations. Celles de transporter les troupes, puis les prisonniers, puis les déportés et le retour des uns et des autres, entre autre, charge aux cheminots ensuite de les mener à bon port, avec, pour la seconde partie de la dernière guerre, un rôle de ralentisseurs, de saboteurs et de sauveteurs parfois.
Les politiques ont toujours joué un rôle prépondérant dans le fonctionnement de la vielle dame. Ce sont eux qui décident le début des conflits et assument aussi les conséquences qui en découlent. Les trains ne circulent pas sans autorisation, sans décisions et les politiques les ont fait rouler ainsi.
Aujourd’hui encore on a recours à eux pour faire circuler un train de mémoire, propriétaire d’une association, sur des voix ferrées de France. Pour la SNCF, un train qui reste au dépôt et rouille paisiblement est infiniment moins dangereux qu’un convoi qui circule en ce moment avec le risque terrorisme, les impondérables et les accidents toujours possibles…
Le train est pourtant parti ce samedi 2 juillet 2016, après l’aval de la SNCF vers 10H 30 de Longueville (Seine et Marne) pour rejoindre Montereau-Fault-Yonne, pas très loin sous la même préfecture. Un voyage utile pour faire marcher les essieux de cette noble dame du passé et faire plaisir à ceux qui suent, temps et eau pour restaurer, entretenir et faire revivre ces vielles machines d’un autre temps.
Nous étions là, sur le pont, Luc Toussaint (Premier assistant), Christophe Bertaux (cadreur) et Guy Gauthier (Réalisateur) en l’absence de Yann Jenny (regretté ingé-son) sur le pont, le premier, pour la voir passer dessous et filmer avec 4 caméras, la lourde dame noire.
Plus tard, dans la matinée, compte tenu de sa vitesse réduite, (20km/h), nous nous sommes rendus sur un passage à niveau pour la saisir au sol.
Il s’agissait pour nous de filmer une partie de la séquence de notre rescapée (Ginette Lion) lors de son retour des camps de concentration et de travail forcé en mai 45. Nous prendrons donc les images extérieures du train du 2 juillet avec une voix off qui dira que l’héroïne rentre chez elle, retrouver sa vie à Troyes.
Filmer le retour en plans extérieurs, car les séquences intérieures de compartiment dans une voiture voyageurs devaient être réalisées fin août lors d’un autre voyage de l’association vers Troyes mais ne le seront pas pour cause de moyens financiers trop faibles. En effet, la mémoire a un tarif, hélas que nous ne pouvons pas assumer !
Sur ce docu-fiction, « Une jeune fille Française » ce qui fut magique est le fait d’avoir pu faire une séquence avec un ancien du film « le train », Michel Charrel qui donnait la réplique à Burt Lancaster et Michel Simon dans ce long métrage populaire et culte franco-américain réalisé par John Frankenheimer en 1964. (nous avons d’ailleurs prénommé Simon le personnage de notre fiction).
Mais aussi d’avoir tourné cette séquence à l’endroit même où furent réalisés plusieurs plans des « femmes de l’ombre » de Jean Paul Salomé en 2008, l’association AJECTA avait prêté son siège et son matériel à la production de ce film sur la résistance des femmes lors de la dernière guerre.
Tout est dans la boite. Il faisait beau. La suite à la prochaine gare…