2017. AU PRÉSIDENT DU JURY (National de Soulac)
Monsieur le Président, je vous fais une lettre…
Cette démarche ne sert à rien et il ne s’agit pas là de refaire le palmarès du festival National de cinéma non commercial de Soulac-sur-mer 2017. D’ailleurs ce serait stupide et impossible ou l’inverse. Comme le devoir de mémoire, parfois inutile, il est souvent indispensable de le faire ! Donc je reviens un instant sur cette affaire.
Le 29 avril dernier, aux journées interrégionales de cinéma du Grand Est, le film « Une jeune fille français » venait de recevoir sa dixième récompense. A partir de là, sélectionné pour le National, je suis demeuré fébrile, dans l’attente du 29 septembre. Lors des mois d’été avec mes petits-enfants, j’étais un peu déjà, je le confesse, là-bas. L’achat des billets de train Lorraine/Bordeaux aller-retour étant fait, septembre est arrivé.
Au fur et à mesure des jours, la pression montait, mais je la contenais autant que faire ce peu. Le grand jour venu, je suis donc descendu là-bas seul car ce genre de déplacement apporte des frais conséquent que notre association ne peut supporter. Un gîte spartiate et assez éloigné du centre de cette petite ville balnéaire de Gironde fut trouvé.
Lorsque le film est passé, je me trouvais au cœur de cette salle, entièrement remplie afin de mesurer l’effet sur le public et le mouvement de fond par exemple lorsque l’acteur du village Français Bernard Blancan apparaît ou à d’autres endroits, et à la fin, les applaudissement nourris, laissaient percer une émotion.
Le lendemain, je répondais aux questions des spectateurs (plus nombreuses d’ailleurs pour ce court-métrage que pour les concurrents, ce qui démontrait à mes yeux l’intérêt porté) et déclarait, en fin d’intervention, ceci :
« Ce film n’est pas le énième film sur la Shoah, la résistance et la déportation, mais l’histoire d’une jeune fille de 16 ans qui vécut cette aventure sans dire qu’elle était juive. D’ailleurs, je ne le suis pas non plus, comme le disait Louis De Funès dans un dialogue d’un réalisateur juif, Gérard Oury, je suis catholique comme tout le monde ! »
A fait que s’égrainaient dimanche matin les films et les résultats du palmarès de cette 77éme nationale, je me disais que peut-être, avec les prix techniques ou spéciaux, une récompense aurait été trouvée pour celui-ci ; le prix du docu-fiction (il était le seul dans la catégorie), le prix de la reconstitution historique ou encore le prix spécial du devoir de mémoire, que sais-je encore !
Après le déroulé, j’eus une petite conversation avec vous sur le trottoir devant la salle. Là, vous m’avez dit avoir beaucoup apprécié ce film et qu’il ne lui manquait pas beaucoup pour accéder au podium. Vous m’avez aussi fait remarquer que le choix du préfet qui parle dans ce film en fil rouge, n’était pas du meilleur effet. Pourtant, la Nation Française, comme l’avait assuré le Président Chirac a bien été parfois responsable des rafles lors de ces années sombres. Quelle soit représentée, pour honorer là celle qu’elle avait poursuivi un temps, était donc assez normal ! Et puis ce film n’était pas une fiction car tout s’est bien passé ainsi…
Rien ne venant éclaircir les nuages de cette petite ville en fin de saison estivale, sous la pluie, je retournais dépité à mon camping. Dans ce bungalow, je pris froid. Le long voyage qui s’en suivait avec cette lourde déception me fit tomber malade quelques jours après mon retour.
Voilà Monsieur le Président, ce que je souhaitais vous dire…
Bien à vous
Guy Gauthier