L’Est Républicain, Jeudi le 14 Janvier 2021 /Vitrey
On a (à nouveau !) volé le corps de Charlie Chaplin !
Le fait divers remonte à 1978, quand le corps de Chaplin exhumé de son cimetière suisse a fait l’objet d’une demande de rançon. Le réalisateur Guy Gauthier, choqué à l’époque, a décidé d’en faire le sujet d’un film, tourné à Lausanne, dans les Vosges et jusque dans le petit cimetière de Vitrey !
La gendarmerie suisse a fini par mettre la main sur les deux « cerveaux » du kidnapping, cerveaux d’ailleurs pas forcément très brillants… (Yann JENNY)
En 1973 était volé le cercueil du Maréchal Pétain sur l’Île d’Yeu. En 1967, la tombe de Martine Caroll était profanée au Père-Lachaise, par des malfaiteurs persuadés d’y trouver son vison blanc et ses bijoux luxueux. En 1955, c’est le cerveau d’Albert Einstein qui était subtilisé par un médecin pathologiste. Et en 1978, c’est le corps de Charlie Chaplin qui disparaissait…
« Et celui-ci, je m’en souviens très bien. Je vois même encore le présentateur du journal à la télé de l’époque, Jean-Claude Bourret, nous l’annoncer ! Chaplin tout de même, pour moi le plus grand acteur de tous les temps. »
Un fait divers si marquant que, 42 ans plus tard, Guy Gauthier s’est mis en demeure de le réanimer. Pas le corps, le fait divers ! Dont il a fait l’objet de son tout dernier film, intitulé « Le dernier costume de Charlot ».
« C’était l’idée de deux marlous qui ne connaissaient pas forcément Chaplin, mais qui avaient compris, à juger par sa villa en Suisse, qu’il avait été très riche. Ils ont donc kidnappé le corps, inhumé près de Lausanne, pour réclamer une rançon à la famille. »
Une histoire pleine de rebondissements qui s’est achevée dans une cabine téléphonique, depuis laquelle nos deux pieds nickelés avaient pris l’habitude de passer tous leurs appels. « C’est sûr qu’ils n’étaient pas très malins. Une espèce de duo déséquilibré, avec un leader et un suiveur façon Bourvil. Idéal pour le cinéma ! » Or, Guy Gauthier s’y entend en cinéma. Il signe là le 14 e des films tournés « avec la bande de l’UBC », association autrement connue sous le joli nom de « Utile Beauté des Choses ».
Et comment était habillé le gendarme suisse ? Où des amateurs du 7 e art, d’ailleurs souvent pros, mettent une énergie du diable à la création de ces courts et moyens métrages essentiellement tournés dans la région. « En l’occurrence, pour les scènes de cimetière, on est allé dans celui de Vitrey, en Meurthe-et-Moselle, où on a pu se servir d’une tombe laissée vide par la commune. Mais on a filmé aussi à Vézelise, Crépey, Clérey, Lamarche, Liffol-le-Grand… » Jusqu’à Lausanne, aux bords du lac suisse où ont été tournées les premières séquences en décembre 2019.
Hélas le Covid a bouleversé le calendrier, et faute de pouvoir retourner à Lausanne, l’équipe de tournage s’est habilement rabattue cet été sur le lac de Gérardmer. « Mais par la magie du cinéma, l’illusion est entière ! »
Autre petite anecdote de tournage : Guy et ses complices sont allés jusqu’au musée de la gendarmerie, en Suisse, pour y emprunter trois uniformes d’époque.
Ce film de 19 min, désormais achevé, Guy le destine au circuit des festivals, en plaçant d’assez grandes espérances dans ce dernier opus. « Je suis particulièrement content du résultat, et les premiers retours sont excellents. Et puis quand même, c’est Chaplin ! » Dont, rassurez-vous, on a fini par récupérer le corps !
Lysiane Ganousse
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Des figurants et des voitures pour « Le dernier costume de Charlot », Flash back 1970, Gerardmerinfo.fr, 29/01/2020 : https://gerardmerinfo.fr/2020/01/figurants-voitures-dernier-costume-de-charlot/
« Le dernier costume de Charlot » chez les Spréder, Vosges Matin, 01/07/2020 : https://www.vosgesmatin.fr/culture-loisirs/2020/07/01/le-dernier-costume-de-charlot-chez-les-spreder