TEMPS QUI PASSE demain soir au cg 54
(L’Est Républicain, 20 Décembre 2013 / Meurthe-et-Moselle / Ludres)
Trois Papys en goguette
Marcel, René et Jacques sont las d’attendre poliment la mort… Il y a de la rébellion à l’horizon.
À EUX TROIS, ils sont censés incarner les trois fléaux de la vieillesse : le 1er se bat contre un cancer, le 2e se morfond dans une maison de retraite et le 3e sort du cimetière… où il pleure sa femme. Ces trois octogénaires voient l’horizon se rétrécir sans y mettre les paillettes, jusqu’au jour où ils décident de prendre la poudre d’escampette.
Dans l’impulsion d’un moment de déraison, les trois copains d’autrefois se tassent alors, eux et leurs rhumatismes, dans la vieille R8 Major. Et hop, direction l’ailleurs ! Pour une échappée belle qui leur redonne le goût de la liberté, et l’appétit de vivre.
Seule une caméra leur colle aux basques, celle de Guy Gauthier qui signe là « Le temps qui passe… », son tout nouveau court-métrage.
« Le temps qui passe, c’est cette chanson de Trenet qui m’a tout simplement donné l’idée de ce film », explique le cinéaste aux commandes d’un film qu’il imaginait encombré de nostalgie. « Mais sans que je m’y attende, il a viré au film comique. »
Garde champêtre au croisement
Une fois réunis, Marcel, René et Jacques s’offrent toutefois quelques bouffées de souvenirs qui les rattrapent au virage. Croisant trois ados, ils se revoient eux-mêmes, fringants jeunes gens en 62, perchés sur des vélos et tout prêts à dévorer le monde.
À l’époque, ils avaient d’ailleurs buté sur un vieux garde champêtre, il leur avait fait la leçon sur tout ce qui les séparait du fait de leur écart d’âge (notamment une ou deux guerres…). À leur tour aujourd’hui d’avoir passé les huit décennies !
« Cette rencontre m’a été inspirée par le journal », raconte le réalisateur. « Un article y était consacré au garde champêtre octogénaire de Crévéchamps, Jean Dumange. » (notre édition du 11 mars dernier). « J’ai voulu le rencontrer. » Bien lui en a pris, Jean Dumange a même prêté les attributs de son ancienne charge, du képi à l’insigne, pour les besoins du tournage.
Trois Papys en goguette suite…
Michel Charrel a endossé le rôle, acteur de 77 ans, 88 films à son actif, qui s’est parfois contenté de courtes apparitions mais sous de très grands titres. Il a notamment montré sa trombine dans « Les Grandes Gueules » avec Bourvil.
Guy Gauthier, dont le précédent film « Les Fantômes de la Grande Guerre » poursuit sa carrière, présente le dernier de ses courts-métrages dès ce soir. Où les trois papys, adeptes de la résistance plutôt que de la résignation, ont repris le volant de leur vie. « Une échappée si belle que le film lui-même m’a échappé ! Et je m’en réjouis ! » Il ne faut jamais trop se fier aux papys !
Lysiane GANOUSSE
Le temps qui passe, projection aujourd’hui au conseil général, à 17 h.
L’Est Républicain, Lundi 7 Avril 2014 St-Nicolas-de-Port
22e journée du film et de la vidéo
Les cinéastes amateurs récompensés par un jury de qualité.
Laurent Helas, le collectif Sanry, Rodrigue Rouyer, Charline Meyer, Guy Gauthier, Daniel Doiselet, Pierre Faye et Michel Leperont, il était huit à présenter leurs productions à la 22e Journée régionale, Lorraine-Champagne-Ardennes. du cinéma et de la vidéo. Une journée organisée par le Club Images Portois et le Musée du Cinéma et de la Photographie. Huit à passer devant un jury dont le président est Jacques Bonneau, réalisateur et maître de conférence en audiovisuel qui a l’expérience de plusieurs jurys de cinéma, Nicole Chambon venue de l’Aube, Georges Antoine, Bertrand Krafft, lui-même conférencier, Bernard Romani, tous trois membres du club Images Portois. « C’est un jury très équilibré et très professionnel qui a longuement débattu de façon très courtoise en établissant au départ, avant la séance de projection, des critères d’évaluation, les films n’ont pas été évalués à la légère », explique Jacques Bonneau. Trois films ont été sélectionnés : le 1er « Le Temps qui passe » de Guy Gauthier, une fiction, le second « Basse Fontaine… son histoire » de Daniel Doiselet, un documentaire et le 3e « Trois petits points », un film d’animation de Charline Meyer. Ils sont qualifiés pour la sélection interrégionale qui aura lieu le 24 mai à Orbey.
Trois films sélectionnés
« Les autres films étaient intéressants, le 4e sélectionné « Le Pont de l’Ange » de Laurent Hélas, s’est retrouvé à la frontière de la sélection, c’était une fiction mais par rapport aux autres, il a pêché par plusieurs points (le montage, le scénario), c’est quelqu’un qui va se confirmer dans les années futures. Il a laissé des choses passées en tant que réalisateur qu’il ne fera plus par la suite (deux acteurs principaux sont habillés de la même façon, la même carrure, le même visage…) ce qui provoque des confusions, c’était quand même un bon film », explique le président. Le 8e film, « Bref », celui des enfants, le collectif Sandry a reçu une mention spéciale d’encouragement « Un essai qu’il faut encourager », confie Jacques Bonneau.
L’Est Républicain, Jeudi le 10 Avril 2014 / Nancy
La victoire des Papys
Nos trois octogénaires s’offrent une (ultime ?) virée. DR
Les papys ont encore du répondant ! Ces trois papys en goguette, qui se sont offert une virée devant la caméra de Guy Gauthier, viennent de décrocher le premier prix aux Rencontres régionales de Lorraine-Champagne.
Le réalisateur nancéien avait en effet coincé Marcel, Jacques et Réné, octogénaires déconfits, dans l’antique R8 Major qui sent bon les années 60. La vieille guimbarde s’est offerte comme un passeport pour l’ailleurs, une promesse d’échapper aux entraves de l’âge qui prennent la forme de la maladie, de la solitude et/ou du veuvage.
Car au volant d’une nouvelle destinée, nos trois l ascars, qui ne se veulent pas vieillards, retrouvent la fougue d’une jeunesse révolue. Cette jeunesse leur saute d’ailleurs aux yeux sous la forme de trois cyclistes venant à croiser leur route… Car eux aussi, autrefois, ont tâté du guidon. Un jour les trois copains cyclistes avaient d’ailleurs croisé le chemin d’un garde champêtre vieillissant, inspiré de Jean Dumange, figure de Crévéchamps qui a exercé sa charge bien au-delà de la limite d’âge…
Potentiel comique
En 1962, Marcel, Jacques et René ne s’imaginaient pas, un jour, adopter les mêmes rides et le dos voûté. Or les voilà désormais dans le rôle des anciens investis d’une pseudo-sagesse qu’ils auraient tendance à trouver plus encombrante qu’autre chose.
Ce film que, selon ses propres aveux, Guy Gauthier avait envisagé nostalgique, a inopinément révélé un fort potentiel comique. Il ne nie rien du poids des années mais propose avec humour et tendresse de s’en libérer.
Lauréat des rencontres de St-Nicolas-de-Port, « Le Temps qui passe » va pouvoir tenter sa chance aux interrégionales organisées en Alsace le 24 mai prochain. Et peut-être plus loin encore. Après tout, la vieille R8 Major en a encore sous les ressorts. L.G.